Lettre ouverte : Justice pour Smoke, justice pour tous
Je m’appelle Nadège Azoulay. J’étais bénévole enquêtrice depuis près de trois ans à la SPA et, plus récemment, responsable départementale des délégués enquêteurs du Var, en charge de leur recrutement et de leur formation. J’étais également bénévole au refuge de Flayosc où je gérais l’administratif, j’aidais pour les chats et les chiens.
Le 18 juillet 2025, nous avons reçu un mail annonçant la décision d’euthanasie de Smoke. Aussitôt, avec plusieurs bénévoles, nous avons adressé un courrier à la direction pour exprimer notre désaccord.
Le 19 juillet, deux bénévoles ont tenté d’alerter directement le responsable du refuge. Le 20 juillet, je me suis rendue à Flayosc avec Lola, également enquêtrice, afin de présenter des solutions concrètes de placement dans des structures adaptées et encadrées par des professionnels compétents que nous avions trouvé, des structures qui s’engageaient même à signer une décharge pour dégager la SPA de toutes responsabilités.
Rien n’y a fait : la décision était déjà prise, aucune de nos propositions n’a été retenue. Face à ces refus catégoriques, nous les bénévoles opposés à l’euthanasie de Smoke avons décidé de créer le Collectif Justice pour Smoke.

Pour avoir osé défendre Smoke, 17 bénévoles ont été suspendus. La direction de la SPA, descendue spécialement à Flayosc a choisi de nous recevoir…dans la forêt, comme si nous étions des étrangers, des fauteurs de trouble. Dans la presse, ils nous ont même accusés d’avoir insulté et dégradé le refuge, c’est totalement faux, la gendarmerie et les renseignements territoriaux présents peuvent en attester.
Jamais nous n’avons eu un mot plus haut que l’autre, jamais nous n’avons commis le moindre acte de dégradation. Ce que nous avons fait, c’est tenter de sauver une vie. Avant d’en arriver là, nous avons multiplié les appels au dialogue, nous avons cherché des solutions, proposé des alternatives, mais chaque fois, nous avons essuyé un refus catégorique. La décision était déjà prise : Smoke devait disparaître.
Dans le même temps, une première pétition a été lancée pour tenter de sauver Smoke de l’euthanasie. Elle a recueilli près de 80 000 signatures, preuve que l’opinion publique, elle aussi, avait compris que ce chien ne méritait pas ce sort. Après sa mort, une nouvelle pétition intitulée “Justice pour Smoke et tous les autres” a vu le jour. Son objectif : obtenir une “loi Smoke”, garantissant la transparence des décisions d’euthanasie, l’obligation de véritables évaluations indépendantes et la mise en place de solutions alternatives avant tout recours à la mise à mort. Cette pétition a déjà rassemblé plus de 54 000 signatures.
Nous avons également organisé plusieurs rassemblements pacifiques devant le refuge de Flayosc, où une centaine de personnes se sont mobilisées à nos côtés, et devant la sous-préfecture de Draguignan. Chaque fois, ces manifestations se sont déroulées dans le calme, sans incident, sous le contrôle et avec l’encadrement des forces de l’ordre et des renseignements territoriaux. Contrairement aux accusations mensongères de la direction, il n’y a jamais eu ni insultes ni dégradations, seulement la dignité d’un mouvement citoyen déterminé à se faire entendre. Smoke n’était pas un chien dangereux, c’était un chien cabossé, méfiant parfois, mais capable d’amour et de progrès, comme l’ont constaté tous les bénévoles qui l’ont côtoyé au refuge de Flayosc. Nous avions des solutions de placement pour lui, moi-même, j’avais proposé de l’adopter, mais la SPA n’a pas accepté, leur unique volonté était d’euthanasier Smoke.
Le 19 août 2025, sa vie a été ôtée, malgré un référé en justice et contre l’avis de celles et ceux qui le connaissaient vraiment.
Smoke a été décrit par la direction comme un chien 4/4, or chacun sait ce que cela signifie : un chien ingérable, inaccessible, dont on ne peut même pas approcher le box sans danger, cela ne correspondait en rien à Smoke. Ceux qui l’ont promené, caressé, accompagné le savent, il était loin d’être ce monstre qu’on a voulu dépeindre pour justifier l’injustifiable.

À cela s’ajoute le fait que Smoke souffrait de problèmes de santé non pris en compte. Des examens nécessaires n’ont jamais été réalisés. Sa douleur, son état physique, ses troubles n’ont pas été intégrés dans l’évaluation, c’est une violation flagrante des statuts et des missions mêmes de la SPA, qui impose de soigner, d’évaluer avec rigueur, et de toujours chercher une alternative à l’euthanasie.
Nous refusons de nous taire. Nous irons jusqu’au bout, car ce combat dépasse le seul cas de Smoke. Nous avons reçu de nombreux témoignages d’autres bénévoles, dans d’autres refuges, qui comme nous ont été suspendus pour avoir osé parler, pour avoir voulu défendre un animal. Nous ne sommes pas un cas isolé, c’est pour cela que nous nous battons aujourd’hui, non seulement pour la mémoire de Smoke, mais aussi pour l’avenir et pour les autres. Nous voulons une loi, la “loi Smoke”, qui garantira plus de transparence dans les décisions d’euthanasie, qui imposera une véritable concertation avec les bénévoles et des commissions indépendantes, afin qu’aucun animal ne soit condamné dans l’opacité et le mépris.
Notre combat est juste. Il est porté par l’amour des animaux, par le respect de la vérité, et par la conviction que la SPA doit rester fidèle à sa mission première : protéger et sauver.
Smoke n’est plus, mais il est devenu un symbole, et nous, bénévoles, nous ne lâcherons rien, pour Smoke et tous les autres, nous continuerons notre combat
Nous dénonçons également la gestion catastrophique du refuge de Flayosc, qui a engendré de nombreuses morsures au fil des années. Des chiens mal encadrés, un manque criant d’éducateurs canins, des salariés dépassés et livrés à eux-mêmes, des protocoles de sécurité trop souvent ignorés, tout cela a conduit à des incidents évitables. Smoke a payé de sa vie ces manquements structurels, mais il n’est pas le seul. De trop nombreux animaux, bénévoles et agents souffrent d’une organisation chaotique, reflet d’un système à bout de souffle.
Plus grave encore, Smoke a été volontairement éloigné et caché pour être euthanasié, alors qu’aucun danger ne justifiait de le retirer du refuge de Flayosc. Il a été condamné loin des bénévoles et de son agent référent qui l’accompagnait fidèlement depuis près de trois ans. Une telle décision est profondément injuste et cruelle. Elle révèle la volonté assumée d’écarter Smoke de ceux qui l’aimaient et de leur refuser la possibilité d’être présents à ses côtés dans ses derniers instants
Enfin, nous dénonçons le rôle personnel de Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA. Il a mené une véritable vendetta contre un animal sans défense, refusant toutes les alternatives proposées, et multipliant les contre-vérités dans la presse. Ce comportement n’est pas digne d’un président censé représenter une association de protection animale.
Une action en justice est en cours. Nous avons déposé plainte contre le refuge De Flayosc ainsi que le siège de la SPA à Paris.
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